Vers l’âge de 30 ans, j’ai découvert les régressions dans les vies antérieures. Je ne saurais dire si tout ce que j’ai vécu alors en expansion de conscience s’est vraiment réalisé dans d’autres lieux et en d’autres temps. Je ne saurais… Par contre ce dont je suis sure c’est que les évènements que j’ai revisités à cette période (et qui étaient souvent reliés à ce que je vivais dans ma vie quotidienne) provoquaient chez moi des émotions parfois très fortes, aussi fortes que celles que je peux vivre dans ma vie actuelle.
Je me rappelle en particulier d’une femme qui lisait dans un salon bourgeois. C’était au début du XIXe siècle. La femme portait des lunettes et me paraissait être d’un âge avancé . Pourtant, quand le thérapeute me demanda son âge, me vint à l’esprit l’âge de 40 ans et je m’en étonnais moi-même.
À un moment, on frappa à la porte. La femme ,qui semblait être moi dans une vie passée, se leva et ouvrit la porte à un jeune soldat qui lui tendait une lettre. À l’ouverture de la lettre, un mot me sauta au visage : mort. Cette lettre m’annonçait la mort de mon fils sur le champ de bataille d’une guerre napoléonienne. La tristesse de cette femme je la ressentais profondément et je la ressens toujours comme si cela s’était vraiment produit dans ma vie actuelle. Pourtant, cette émotion ne me submerge pas. Je la ressens mais n’en suis pas prisonnière.
Ai-je vraiment vécu ce drame ? Ou est-ce une scène tirée de la mémoire collective qui me touche parce qu’elle me parle de sentiments qui ont été miens à certaines périodes de ma vie. Elle me parle de perte et de tristesse inextinguible.
En fait il importe peu de le savoir. Le principal est d’avoir revécu l’émotion sans se laisser submerger, avec le recul suffisant pour ne pas en être affectée. C’est une sorte de catharsis , cette expérience m’a remise en contact avec des émotions très lourdes mais dont la charge affective est très atténuée. Ainsi j’étais apte à intégrer l’émotion, et à la digérer pour pouvoir la transcender.
À cette tristesse ce mêlait une colère injuste. J’en voulais au soldat qui m’avait annoncé la mauvaise nouvelle. Avec le recul, il me paraît complètement innocent. Mais alors, la tristesse était tellement forte qu’elle devait trouver une porte de sortie et cette colère injuste m’offrit cette échappatoire. Le lien avec ma réalité du moment me ramenait à la maison auprès de ma fille. Quand il lui arrivait de m’annoncer quelques nouvelles désagréables, c’était Contre elle que je dirigeait ma colère car ce soldat qui me tendait la lettre, quand on me demanda qui il était dans ma vie présente, je vis l’image de ma fille.
Cet événement tragique avait survécu dans ma mémoire à travers les âges. Les émotions qu’il suscitait alors s’étaient beaucoup édulcorées et j’étais prête à lâcher la tristesse, à lâcher la colère dans lesquelles j’étais rester engluée malgré des siècles. Et , par la suite, quand on m’annonçait une mauvaise nouvelle j’étais attentive à ne pas en vouloir à la personne qui m’adressait le message en toute innocence.
La thérapie avait fonctionné, elle m’avait permis de désamorcer la colère qui survenait dans certaines situation et m’avait aidée à améliorer mes relations avec ma fille.